• La remuée 2

La remuée

Les chevaux de craie
s'ébrouent
sur la colline où tu voulais me dire un secret
nous traversâmes le champ des moutons aux queues coupées c'est le groove des orties qui brûlent le visage des jeunes filles qui ont pleuré nous traversâmes le chant des têtes aux peurs tondues c'est la crête des talus de la réalité plus rien ne reste que nous et les éclats de rires au loin qui s'échouent sur les falaises où tu posas tes mains petit homme seul devant l'authentique défiant les découpes et les strates du temps c'est le chant des grandes portes c'est le chant des hauts portiques échancrant le destin là où je noyais mon chagrin à rebours du courant retenant le tempo et ma respiration au moins dans l'eau mes larmes se noient mais ne se voient pas au moins dans l'eau il n'y a que moi qui les entend ce chant des mariées qui se croient déjà mortes ce chant des langues mortes qui cogne au creux des seins c'est le chant des grandes marées au moins dans l'eau mon corps ressasse la réalité physique au moins dans l'eau la permanence des sensations résiste à la raison une pudeur sur le tard après des années de fougue un whisky cul sec passer à la casserole dans des trains de nuit sur des bancs publics dans les toilettes d'un bar le souvenir d'un courage aveugle deux décades pour reconstruire les frontières d'une intimité plus besoin aujourd'hui de presser le pas sauf dans une conversation une balade dans la tête   rire à la gueule du loup jouer de la musique avec les dents du chien se servir de la salive du renard comme de gel pour les cheveux de Lucio en plein jour le cerle parfait de la lune sournoise apparaît je mouche dans ma culotte la remuée qui m'a traversée un chien - loup aux yeux lavés par le sel s'égoutte j'ai découvert avec stupeur que tu avais le pouvoir de me faire pleurer"   Aurore, crique d'Yport, 30 Août 2015
Les chevaux de craie 
s'ébrouent 
sur la colline où tu voulais me dire un secret 
nous traversâmes le champ 
des moutons aux queues coupées 
c'est le groove des orties 
qui brûlent le visage des jeunes filles qui ont pleuré 
nous traversâmes le chant des têtes aux peurs tondues 
c'est la crête des talus de la réalité 
plus rien ne reste que nous 
et les éclats de rires au loin qui s'échouent 
sur les falaises où tu posas tes mains 
petit homme seul devant l'authentique 
défiant les découpes et les strates du temps 
c'est le chant des grandes portes 
c'est le chant des hauts portiques 
échancrant le destin là où je noyais mon chagrin 
à rebours du courant 
retenant le tempo et ma respiration 
au moins dans l'eau mes larmes 
se noient ne se voient pas 
au moins dans l'eau il n'y a que moi qui les entend 
ce chant des mariées 
qui se croient déjà mortes 
ce chant des langues mortes 
qui cogne au creux des seins 
c'est le chant des grandes marées 
au moins dans l'eau mon corps 
ressasse la réalité physique 
au moins dans l'eau la permanence 
des sensations résiste à la raison 
une pudeur sur le tard 
après des années de fougue 
un whisky cul sec 
passer à la casserole 
dans des trains de nuit 
sur des bancs publics 
dans les toilettes d'un bar 
le souvenir d'un courage aveugle 
deux décades pour reconstruire 
les frontières d'une intimité 
plus besoin aujourd'hui de presser le pas 
sauf dans une conversation 
une balade dans la tête   
rire à la gueule du renard 
jouer de la musique
avec les dents du chien
en plein jour le cerle parfait 
de la lune sournoise apparaît 
un loup aux yeux
lavés par le sel s'égoutte 
je mouche dans ma culotte 
la remuée qui m'a traversée.


Aurore Laloy, exorcil écrit après un bain de mer dans une crique à Yport en Normandie où j’ai pleuré toutes les larmes que mon corps pouvaient contenir, 30 Août 2015