Au moins dans l'eau

Au moins dans l'eau
Mes larmes
Se noient
Ne se voient pas 

Au moins dans l'eau
Mon coeur
Se bat
Ne se noie pas 

J'entends le chant des grandes marées qui cognent
au creux des seins des colliers en dents de chien
Les langues mortes déferlent comme des noyées
L'exil est-il d'hier ? L'exil est-il des îles ? 

Au moins dans l'eau
Mes larmes
Se noient
Ne se voient pas

Au moins dans l'eau 
Mon corps 
Ne se souvient
De toi 

C'est le chant des grandes portes
c'est le chant des hauts portiques
Où sont-ils les marins échoués ? Faut-il
Qu'elles cessent de les pleurer, les mariées ? 

Au moins dans l'eau
Mes larmes
Se noient
Ne se voient pas

Au moins dans l'eau 
Mes rêves
Se voilent
Ne s'ignorent pas 

Le son de l'écume se fracasse sur ma tête
Ravivant les mémoires des aïeuls des îles
Tragique tombeau doux des vagues
L'exil est-il d'hier ? L'exil existe t'il ? 

Au moins dans l'eau
Mes larmes
Se noient
Ne se voient pas 

Au moins dans l'eau
Mes rages
Se vident
Ne se vivent pas 

Au moins dans l'eau
Mes larmes
Se noient
Ne se voient pas

Au moins dans l'eau 
Mes larmes 
Se noient 
Ne se voient pas 

Aurore Laloy, exorcil écrit dans une crique à Yport, 30 Août 2015